Quels vins rouges éviter quand on débute ?

25 mai 2025

Les vins rouges trop boisés : quand l’élevage prend toute la place

Dans le monde du vin, on parle souvent de « vins élevés en fût de chêne ». Si cette technique apporte complexité et structure aux meilleurs crus, elle peut aussi devenir un piège pour un palais en construction. Pourquoi ? Parce qu’un excès de bois peut étouffer les arômes naturels du raisin.

Lorsque vous débutez, vous voulez découvrir les saveurs authentiques d’un cépage, le fruit et la fraîcheur. Or, certains vins rouges d’entrée de gamme, notamment ceux qui imitent les styles « haut de gamme », abusent des arômes boisés. Ces notes de vanille, de cacao ou de fumée, issues d’une surcharge d’élevage en barrique (ou pire, de copeaux de bois ajoutés dans la cuve), éclipsent souvent le reste et finissent par donner une sensation artificielle.

À éviter : les rouges qui affichent fièrement un « 100 % barrique » ou ceux issus de régions où cette technique est souvent caricaturée (certains rouges espagnols d’entrée de gamme, par exemple).

À privilégier : des vins rouges axés sur le fruit, comme un Beaujolais-Villages, un Côte-du-Rhône ou un Chinon, qui montrent le caractère pur des cépages sans artifices.

Les vins rouges à forte teneur en alcool : la lourdeur en bouche

Il est tentant de choisir un vin rouge avec un pourcentage d’alcool élevé, associé à tort à la puissance ou à la « qualité ». Le problème, c’est que ces vins-là peuvent rapidement devenir lourds et fatigants pour un palais peu habitué. Au-delà de 14,5 %, l’alcool peut écraser l’harmonie du vin et rendre la dégustation moins agréable.

Certains vins de régions chaudes, comme les vins du sud de l’Italie (les fameux Primitivo ou Amarone), ou encore des rouges californiens copieux, ont tendance à dépasser les 15 %. Leur structure massive, couplée à une sucrosité parfois déroutante, pourrait vous décourager.

À éviter : les rouges affichant 15 % ou plus, surtout si le millésime est très chaud.

À privilégier : des bouteilles plus légères et équilibrées, comme un Pinot Noir d’Alsace ou un Gamay bien frais.

Les vins industriels : le faux-semblant de la qualité

Voici l’un des pièges les plus répandus dans les rayons des grandes surfaces : les vins rouges industriels. Facilement reconnaissables à leurs étiquettes racoleuses et leurs prix cassés (souvent sous les 5 €), ces vins sont souvent travaillés à grand renfort de techniques d’œnologie industrielle.

On y trouve parfois des levures aromatisées, des adjuvants pour booster les arômes ou adoucir les tanins, et même, dans certains cas, des « rectifications » chimiques pour masquer les défauts. Résultat : des vins standardisés, sans âme, qui ne racontent aucune histoire. Pour un néophyte, ces vins peuvent fausser l’apprentissage du goût.

À éviter : les vins d’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) vendus à prix trop bas pour être crédibles, ainsi que les marques anonymes aux étiquettes tape-à-l’œil.

À privilégier : des vins issus de coopératives ou de petits domaines, même en IGP (Indication Géographique Protégée), qui privilégient une approche artisanale.

Les rouges aux tanins trop marqués : un risque d’assèchement

Les tanins sont une composante essentielle du vin rouge : ce sont eux qui donnent de la structure et ce fameux effet légèrement astringent sur vos gencives. Mais quand on débute, des tanins trop durs ou trop imposants peuvent rendre l’expérience désagréable. Cela peut arriver avec des vins trop jeunes issus de cépages naturellement puissants, comme le cabernet-sauvignon en monocépage ou la syrah très extraite.

De plus, les tanins jouent un rôle clé dans le vieillissement, mais un vin jeune mal équilibré peut donner une impression de rugosité, difficile à apprécier si l’on n’est pas encore familier avec cette texture.

À éviter : les rouges qui paraissent très sombres (signe d’une extraction poussée des arômes et tanins) et les vins fermés au nez ou à l’aération.

À privilégier : des rouges souples ou des vins plus âgés, dont les tanins se sont assouplis avec le temps (un joli Bordeaux de 5 à 8 ans, par exemple).

Les rouges aromatisés ou aux mentions trop flatteuses

Cela peut paraître évident, mais autant le rappeler : les vins rouges aux mentions comme « goût cerise », « saveur chocolat » ou encore « vin doux rouge » cachent souvent des produits très transformés. Même si cela peut séduire un palais peu habitué, ces vins-là n’ont plus grand-chose à voir avec le vin tel qu’il est pensé et élaboré par des vignerons respectueux de leur terroir.

Dans la même veine, certains systèmes de notation simplistes ou médailles locales ne doivent pas toujours dicter votre choix : méfiez-vous des prix bradés associés à une médaille d'or qui sent, elle aussi, l’artifice.

À éviter : les vins rouges aux promesses aromatiques simplistes ou vendus comme des produits de grande consommation.

À privilégier : des étiquettes sobres, des vins de producteurs ou des sélections élaborées par des cavistes indépendants.

Prendre son temps, se tromper un peu, et ajuster son palais

Savoir quels vins rouges éviter, c’est d’abord une question d’expérience et de curiosité. Aucun apprentissage ne se fait sans quelques erreurs de parcours : même après des années de dégustation, il m’arrive encore de tomber sur une bouteille qui laisse à désirer. Et tant mieux : chaque faux-pas est une étape vers une meilleure compréhension de vos propres goûts.

Alors, armez-vous de patience, osez poser des questions à votre caviste, et surtout, faites-vous plaisir. Car pour trouver le vin presque parfait, il faut parfois oser goûter et parfois… ne pas finir son verre.

En savoir plus à ce sujet :